Conservation préventive des tapisseries, textiles et tapis d'Aubusson
32 Rue Vaveix 23200 AUBUSSON - La Tapisserie d'Aubusson, inscrite par l'UNESCO en 1999 - Patrimoine immatériel de l'humanitéLes teinturiers ou pressings, malgré leurs multiples compétences en matière de nettoyage, ne peuvent connaître tous les différents problèmes liés au nettoyage de tapisseries anciennes ou modernes, comme la fragilité des soies, les colorants mal fixés.
Il est intéressant d’ expertiser une tapisserie pour faire un constat de son état général : degré d’encrassement, qualité des fibres, usure, etc.
Pour toute demande d’expertise, prenez contact avec nous.


Prises de vue en l’état sur l’endroit et l’envers de la tapisserie, plans larges et détails.
Prise de dimensions.
Dépose des anciennes toiles de doublage.
Dépose du système d’accrochage encore trop souvent assuré par des anneaux.
Micro-aspiration de la tapisserie sur ses endroit et envers.
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Nettoyage de l’œuvre en milieu aqueux à l’aide de détergent spécifique non agressif qui préserve la qualité textile et les couleurs ; le nettoyage est réalisé à plat, le tout reposant sur un sommier perforé, aucune action mécanique directe.
Rinçage à l’eau adoucie. Séchage par air ventilé entre 23° et 28°.





Ce n’est qu’après ce premier traitement que l’étude détaillée peut commencer :
Etat desfibres de laine (mitages, accidents, oxydation de certains coloris notamment les bruns).
Etat des trames tissées en soie (en assez grande quantité sur toutes les pièces tissées depuis le 16e siècle) ; selon les cas, elles sont de belle facture ou plus ordinaires , endommagées par de mauvais traitement de teinture ou » fusées « , brûlées. Trop exposées aux rayons ultra-violets, les soies brûlées partent en poussière au simple toucher et provoquent la rupture franche des trames.
Etude des coutures de relais (coutures réalisées après le tissage pour assurer la liaison de coloris différents qui n’ont pas été fermées par des liures spéciales). Ces coutures sont d’autant plus nombreuses que le dessin est riche et très varié en teinte.
Etude de l’usure générale et des anciennes restaurations ou reprises grossières qui peuvent être devenues gênantes et troublent la lisibilité de certains dessins. Les plus disgracieuses peuvent être dérestaurées pour laisser place à un travail plus approprié, plus léger, facilement réversible.
Après ces quelques données techniques, revenons à notre tapisserie de Bruxelles, faisant partie des séries des
Enfants jardiniers et Jeux d’enfants.
Ces pièces sont devenues rares, beaucoup d’entre elles ayant disparu. Seuls quelques musées ou collectionneurs privilégiés en possèdent à travers le monde. Ces œuvres textiles sont connues et répertoriées.
elle avait fait, tout au plus, l’objet de
« traitements ménagers « .
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– Encrassement important des fibres, mais qui laisse deviner des coloris plutôt frais pour une œuvre de plus de 400 ans.
– Divers petits accidents tout autour de la tapisserie.
– Galon de soie endommagé.
– Galon bleu de pourtour en partie ruiné (sans doute par les nombreux cloutages en boiserie).
– Petites reprises grossières.
– Surcharges de laine.
– Petits mitages.
– Laines brunes oxydées.
– Mais surtout, six lacunes importantes de plusieurs cm2, principalement situées dans le bas des deux bordures verticales, ainsi que deux autres lacunes en bas et au centre du panneau.
– De nombreuses coutures de relais rompues.
– Absence de toile de soutien.



Le traitement de l’usure
Le traitement de l’usure s’est opéré par technique de repiquage de points léger, en ayant pris soin au préalable de mettre en place sur l’envers de la tapisserie un textile en lin décati débarrassé de ses apprêts. Ce sommier contribue à la réalisation des différents points de soutien et laisse sur l’envers de la tapisserie une lisibilité précise de toutes les zones traitées.
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Le traitement des zones lacunaires
Cette manière de procéder peut s’appliquer à peu près à toutes les zones d’usure. Cependant, elle ne convient pas lorsqu’il s’agit de traiter des zones lacunaires importantes. Dans ce cas de figure, trois possibilités sont envisageables:
La première consiste au rechaînage des lacunes. Il s’agit de remettre en place les fils qui servent au support des trames dans le but de les retisser. Cette solution classique en restauration traditionnelle n’a pas été retenue pour cette pièce, car ce travail de rechaînage aurait endommagé le tissage très serré et, le plus important au cas présent, cette façon de procéder n’est que difficilement réversible.
La seconde solution est uniquement conservatoire. Elle consiste à teindre des éléments textiles qui sont fixés par coutures afin de combler les lacunes. Cette procédure est tout à fait intéressante, mais donne, selon les cas, des résultats esthétiques inégaux. Nous ne l’avons pas retenue.




Cette approche de conservation a permis un vrai travail de consolidation de l’ensemble et a apporté, de surcroît, un résultat esthétique très satisfaisant. Il a également redonné à l’œuvre équilibre géométrique et parfaite lisibilité.
Cestravaux deconservation de tapiseries et tapis ont nécessité plus de 200 heures de travail, entre réflexion et exécution.






